Les systèmes des amis: celui de Philippe

Je suis très heureux de vous présenter Philippe qui m'a initié au très haut rendement ainsi que son système magique.

Nous nous sommes connus, Philippe et moi début des années 90, dans le cadre d’une association audiophile du Loiret, CAMEL. A cette époque, possédant des matériels assez ambitieux connus du public audiophile, je n’imaginais pas qu’il existait d’autres approches de la haute fidélité. Philippe soucieux de faire découvrir et partager son univers, m’invite à écouter son système.

La première écoute a été une révélation, et les suivantes des confirmations de ce que doit être un ensemble hifi.

Le lieu est une demeure que Philippe a fait construire il y a une 20aine d’années. Les murs sont en torchis, le sol en tonnelles offrant une très belle acoustique. La pièce n’est pas exagérément grande environ 45 m2 et l’écoute se situe à 3, 4 m des enceintes.

P1000936.JPG

 

 

P1000937.JPG

Les enceintes:

Le grave est restitué par deux 30 CM Audax PR 33 S100 montés dans une charge bass reflex avec amorce de pavillon arrière, et pavillon avant hyperbolique. Les hps sont montés selon le prinicipe développé et décrit dans un article sur ce blog. La fréquence de coupure est à 500 hz 6db.

Le filtre mis en oeuvre actuellement est passif.  

P1000927.JPG

Le médium est confié à l'ensemble ONKEN OM 455 avec son pavillon sectoriel ONKEN. Celui ci est aussi connu sous le nom de Le DAUPHIN. L'aigu est la chambre de compression ONKEN Tweeter 5000T. Bref des transducteurs de très haute qualité.

Le médium est coupé à 500hz à 6db et le tweetere à 20 000 hz à 6db.

P1000926.JPG

Le câble est du Vecteur. Attension Vecteur des années 80.

Les sources:

P1000930.JPG

La platine vinyle est une Platine Vecteur-Lurné+cell Dynavector+Prépré Hiraga+Pré Pacific

P1000934.JPG

Les sources numériques sont 3Dlab Millénium-oppo,volu Passion, et Mac PBP/Devialet Air-wifi

L'amplification:

P1000931 

Devialet ou tri-amplification Taki pour le grave +300B Western Eletrique sur base du schéma de la Maison de l'Audiophile +300B

P1000933.JPG

Les écoutes:

La configuration écoutée s'effectue avec le Devialet en monoamplification.  Philippe me propose de commencer les écoutes avec mes Cds puis de les réécouter ensuite en dématérialisé.

51mghkWxccL. AA115

Je commence donc par Charles Mingus, de Mingus Ah Um, la plage Jelly Roll. Ce morceau commence très fort par Mingus avec sa contrebasse, les tensions des cordes sont reproduites avec maéstro. Toute de suite, je ressens l'impact de l'instrument. Mon pied tappe la mesure. Je suis devant la scène sonnore au premier rang.

611ewpJVMVL._AA115_.jpg

J'enchaine avec Nico, Chelsea Girl. Ce disque est effroyable pour tous les systèmes qui ne sont pas cohérents. L'enregistrement est mauvais, la voix de Nico est nazillarde mais il se dégage de cette chanteuse une émotion telle fragile, intemporelle que ce disque est une pépite. Et bien l'émotion est au rendez-vous, il n'y a aucune agressivité, les défauts de l'enregistrement sont reproduits. 

 

41ZA5PHWZ0L._SL500_AA300_.jpg

La Misa Criolla est particulière avec un tambour très profond, sombre qui ici retranscrit avec toute sa richesse harmonique, les voix hautes perchées me surprennent mais elles n'ont aucunes agressivitées, peut être un peu nasillardes aux dires de Philippe, ce qui n'a pas était pour rédhibitoire.. Les grelots sont riches avec beaucoup de matière.     

Et les morceaux se sont enchainés sans qu'aucune fois j'ai eu envie d'arréter, de baisser le son.

C'est assez difficile d'écrire les caractéristiques de ce système. La première chose qui me vient à l'esprit est que c'est certainement celui avec qui, j'ai pris le plus de plaisir de toutes mes écoutes sur plus de 30 ans. L'énergie est uniformément répartie sur tout le spectre, les écarts de dynamiques sont tout simplement époustouflants. Les micros dynamiques sont parfaitement restitués. Le système offre une restitution très naturelle, il n'est pas en soi démonstratif, c'est la musique qui l'est. Ce qui m'a particulièrement interpellé est cette capacité de restituer toutes les couleurs de l'enregistrement. 

Je persiste et signe, un matériel optimal s'affranchit de la qualité des enregistrements, vous savez du style: je jette la moitié de ma discothèque, ou il est plus plus à l'aise sur du classique que sur du jazz. Ce sont des conneries. Ici, la différence de chaque prise de son est restitué, ce qui offre par moment des instruments un peu sombres et puis les cuivres arrivent, lumineux, exubérants.

Autre phénomène, quelque soit la source, c'est bon. Il n'y aucune frustration de passer du vinyl, au cd en passant par le dématérialisé.

Il est capable de tout, de la moinde délicatesse à la plus brutale empoigne. Nous nous sommes amusés à écouter un enregistrement des bruits de la rue, elle vit par l'impact des pas des piétons, la musicalité des chants des oiseaux, et le tonnerre effroyable d'une Harley Davidson.

Nous avons fait quelques essais de passer le même morceau, du cd via le cordon optique ou spdif, au dématérialisé via le reseau du Devialet. Sur le cd, l'optique offre une restitution un peu plus ronde, peut être plus analogique, j'ai tout de même préféré la sortie spdif qui était plus tendu. Le dématérialisé nous procure une restitution plus propre, avec meilleur dynamique, les instruments se positionnent plus facilement, la musique prend du muscle.

Concernant le Devialet, il est certain que c'est du lourd et comme me l'expliquait Philippe n'est pas facile à dompter, disons que l'association ampli enceinte demande une mise au point. Mais c'est toujours pareil, le couple enceinte ampli ne forment qu'un tout, c'est une hérésie de les traiter séparément. Tout le savoir faire de Philippe a été d'adapter l'enceinte à l'amplificateur pour faire quelque chose d'homogène. C'est là aussi la clé, de la HIFI. Une chose que je trouve très rassurante est que malgrès son prix, il remplace tout de même plusieurs appareils: tous les amplis et préampli très haut de gamme tubes ou transistors, avec comme source un simple ordinateur portable... de préférence Mac. 

Des défauts, peut être deux, le premier est me semble-t-il une très très légère diminution de la profondeur (que je compare à mes écoutes en mémoire tout tubes du système)mais je n'ai pas essayé de me reculer, la deuxième est d'oublier le temps qui passe et que cela devienne une véritable addiction.

Dans ma petite hiérarchie, c'est le n°1.    

P1000942.JPG

Philippe le Bien Heureux et sa démarche:

P1000941.JPG

"Le Haut Rendement ? Pourquoi faire ?
Dans les propos de nombreux "Hifistes-Mélomanes", le sujet prend souvent une tonalité particulière. Déjà, le perfectionnniste de l'écoute musicale passe souvent pour un individu un peu dérangé, à discuter de câbles et de prises, de cônes, à critiquer le numérique, mais même parmi ceux-là, les "adeptes" du haut-rendement paraissent d'un ésotérisme encore plus marginalisé. Et pourtant !
Un système de reproduction musicale à haut rendement n'est ni un fantasme, ni une obsession, ni un Annapurna inaccessible, ni une folie injustifiable.
D'abord, cela arrive tout seul, sans que l'on s'en rende compte, lorsque l'on est un peu technico-bricoleur et que ses ambitions dans le domaine dépassent le budget disponible de quelques années-lumière.
On commence par se monter ses enceintes en "kit", voire ses amplis, puis toujours insatisfait, on recherche de meilleurs montages, de meilleurs haut-parleurs. Et qu'est-ce qu'un meilleur haut-parleur sinon un HP dont la membrane est plus légère, l'entrefer plus étroit, le moteur magnétique plus puissant, la suspension mieux accordée, etc.
Donc un haut-parleur dont la capacité à reproduire les impulsions, les transistoires, car la musique est faite de cela et non pas, comme les tests voudraient nous le faire croire, de signaux sinusoïdaux.
Côté filtre, même démarche, remplacer une self en fil de cuivre de 1 mm de diamètre par une self en fil de 2 ou 3 mm de diamètre va vous faire gagner 3 à 6 Db de dynamique. Quand on voit l'influence de 3 mètres de câble HP entre l'ampli et l'enceinte, que dire de la centaine de mètres de petits fils qui traînent médiocrement dans la plupart des enceintes du commerce.
C'est ainsi que, par une seule recherche de rendu accoustique, chaque étape fait gagner un ou plusieurs décibel de rendement, et l'on se retrouve, sans utiliser autre chose que des HP électro-dynamiques "classiques", sauf pour l'aïgu, à frôler les 100 db/w/1 mètre.
A ce niveau d'efficacité, et même avec un peu moins, il devient possible de tirer la quintessence des amplis à tube monotriode comme la 300 B Western électronic, et de comparer valablement des amplis de toute puissance.
Après K.O au 1er round et mise à la poubelle de quleques caisses métal pleines de transistors, l'étincelle surgit : à quoi sert le haut-rendement ? Eh bien à pouvoir utiliser au mieux les amplis les plus respectueux de la musique : les monotriodes.
A partir du moment où on est convaincu, et si on cherche à aller encore plus loin, se pose le problème de franchir un nouveau pas important et de passer aux hauts-parleurs à pavillon et chambre de compression. Le principe permet d'adapter l'impédance entre la force électro-motrice générée au niveau de la bobine du HP et l'air vecteur de l'onde sonore.
Le gain en rendement tourne autour de 10 à 20 db/w. On s'approche des 120 db/w/1m. pour les meilleurs produits. C'est-à-dire que même avec un ampli 300B de 6 w en large bande, il n'y a plus aucun problème pour reproduire à niveau réaliste un grand orchestre symphonique, un forte de Borsendöfer ou un solo de batterie.
L'alliance de l'extrême dynamique avec les sommets de la subtilité ! Alléluia !
Eh bien, pas du tout ! Car la médaille a son revers.
En effet, comme je le disais plus haut, la musique, ce sont des transitoires successives, ou simultanées, chacune comprenant une fondamentale et ses harmoniques, et il est critique pour le respect de la musique de garder des relations en amplitude et en phase entre ses composantes.
A ma connaissance, seul Gilles Millot avec les enceintes "Audience" et "Perspective" était parvenu à faire reproduire un signal carré par une enceinte accoustique, test "scientifique" ou "objectif" suprême de performance, soigneusement évité par les autres et les revues. Mon souvenir de l'écoute des "Perspectives" a retenu essentiellement un respect des timbres qui faisait passer les autres enceintes comparées comme bien fausses ou bien "tricheuses".
Lorsque l'on se retrouve avec un haut-parleur de médium à pavillon (pire un bas-médium), associé à un caisson grave sans pavillon muni d'un boomer de grand diamètre, le respect de la phase est impossible à obtenir.
A ce stade, 3 situations surviennent : la plus habituelle est de laisser le médium en filtrage classique et réglage " linéaire". Les énormes rotations de phase entre grave et médium provoquent des irrégularités himalayesques dans la zone 200-800 Hz avec des timbres totalement irréalistes, un haut médium projeté, souvent agressif, un grave coloré, en résumé, l'enceinte de sono dans sa plus belle caricature.
Deuxième situation : l'"audiophile" est patient, compétent ou bien conseillé, et obstiné. Il va alors, par de soigneux et méthodiques essais de filtres, de position des hauts-parleurs, de manipulation d'amortisssants, finir par régler son système. Les défauts de phase seront toujours là, mais bien moins sensibles, et sur certains messages musicaux, le résultat deviendra intéressant. L'ennui, c'est que ces "manip" auront émasculé le rendu des pavillons, leur faisant perdre quasiment tout leur intérêt par rapport à des HP classiques, et l'image est toujours absente.
Devant ces constations, on peut comprendre tous ceux qui critiquent les systèmes à pavillons, car s'ils peuvent montrer des qualités, ils montrent presque toujours aussi de graves défauts, qui ne permettent pas à l'esprit d'oublier que l'on écoute une "chaîne" de reproduction.
J'en étais là de mes considérations, refusant toujours d'utiliser des pavillons, lorsque j'eus l'occasion d'écouter les "Voies du théatre" d'Altec-Lansing. Pour résumer ces enceintes : elles ont deux voies, un pavillon médium-aïgu et un caisson de grave avec un pavillon court et un boomer d'un diamètre de 38 cm, dont la disposition permettrait une certaine mise en phase avec le médium-aïgu.
L'intérêt, c'est que les rotations de phase avaient disparu, et que les timbres, notamment des voies (humaines), des cordes, étaient bien respectés. La porte du très haut-rendement s'était ouverte, car son principal défaut, à mon avis, pouvait être résolu.
Seulement les voies du théatre ne sont pas non plus sans reproche. Le caisson de grave est accordé très haut, ce qui tronque au moins 2 octaves en bas. Elles sont également trop courtes en aïgu et extrême aïgu. Le caisson manque de rigidité et résonne de façon sensible.
Mais à tout cela, il y a des remèdes, et mon perfectionnisme n'étant pas rassasié, je me précipitai dans cette troisième voie, avec plusieurs idées en tête issues d'une documentation étendue sur les systèmes à haut rendement.
J'eus d'abord la chance de trouver des médiums et tweeters Onken d'occasion, auprès de quelqu'un qui n'avait jamais réussi à vraiment les régler. Pour la voie grave, l'objectif essentiel était une parfaite liaison et en phase avec le médium, donc un pavillon court (60 cm), des boomers qui montent bien pour éviter une "rupture de caractéristique" avec les médiums donc des 33 cm plutôt que des 38, et deux par voie pour avoir le rendement et la bande passante voulue.
En théorie, la liaison correcte avec les médiums avec une coupure vers 800 Hz à 6 db/octave était donc réalisable. Seulement ces performances particulières entre 200 et 1500 Hz rendaient la reproduction du grave et surtout de l'extrême-grave à un niveau suffisant beaucoup plus difficile. Et je ne souhaitait pas rajouter une 4ème voie. De nombreux facteurs influent la réponse dans le grave. Vous savez tous que la position de l'enceinte dans la pièce par rapport aux murs jouent de façon considérable. De façon très défavorable lorsque l'enceinte est étudiée pour être linéaire en chambre sourde, mais de façon favorable si on se sert d'un angle de la pièce pour remonter les fréquences trop atténuées. Et cela joue sur 10 à 20 db.
En exploitant tous les facteurs accoustiques possibles, le choix des HP, le volume et le type de charge, la forme du pavillon avant, la forme et la position de l'évent formant pavillon arrière replié, et après deux ans d'expériences et de retouches successives sur les seules voies graves, je suis arrivé au résultat escompté : une voie grave qui s'accorde parfaitement au médium et à l'aïgu Onken sans que l'on puisse distinguer la transition, et en laissant les deux voies supérieures s'exprimer à 100 % de leur potentiel.
J'ai l'impression immodeste d'être parvenu au sommet de l'Annapurna. Que la technologie actuelle ne permet pas d'aller plus loin, à mon goût. Bien que je sois loin de prétendre que le système soit parfait. Il manque une octave en bas. Et les plus grosses frustrations viennent des sources. Les CD sont inécoutables, car la numérisation est ressentie sur les timbres, les harmoniques sont décalées, les échos et les réverbérations sont "anormales".
Passons vite au vinyl. En 50 ans, plusieurs centaines de milliers de disques vinyl différents ont été produits. Une majorité souffre de défauts majeurs : prise de son déficiente, par matériel inadapté ou incompétence des ingénieurs du son, pressages médiocres, vinyl médiocre. Comme dans tous les domaines, certains font bien leur boulot, d'autres pas.
Mais dans la masse, il y a des milliers de chefs-d'oeuvre, des trésors faits par des artistes talentueux et des techniciens passionnés et respectueux de la musique.
Alors j'écoute Gillespie (The Alternate Blues), Adderley (Somethin' else),Mingus (...), Helen Meril, Brassens (tout), Brel (Jojo, Orly, Sur la place,...), Barbara (Ce matin-là, Pierre,...), Jordi Savall, Paul Badura-Skoda, L'Atrium Musicae, Les Labèque, Frédérica Von Stade (Othello), et quelques milliers d'autres, gravés dans les sillons d'où ils ressurgisssent, rematérialisés dans l'espace, devant vous et pour vous, dans l'intimité de leurs émotions, dans l'intensité de leur message, dans les nuances de leurs voix, la sensibilité de leur archet, la délicatesse ou la violence, de leur jeu.
Et autour d'eux, l'ambiance apparait, le cadre qui vous transporte au concert, ou dans l'église, ou dans le club de jazz, bref dans ces endroits où vit la musique et qui la font vivre.
Et derrière l'ambiance et la réverbération, il n'y a rien et ce rien est bien perceptible. Ce n'est pas le flou habituel, le bruit de fond, le bruit blanc, les résidus de distorsion. Non, il n'y a rien, c'est-à-dire le silence, le vide, l'infini, la certitude que nous sommes bien entre nous, où les artistes deviennent des étoiles brillantes dans l'espace, le moment où la musique a envahi le cerveau et nous drogue jusqu'au dernier neurone.
J'en oublie totalement les 25 ans d'effort pour perfectionner mon système, et je ne veux même plus entendre parler de technique et de matériel. Je ne peux que vous encourager à poursuivre ce Graal, car la musique donne de merveilleuses satisfactions. Mais chacun a une "oreille" aux caractéristiques particulières, et l'expérience des uns n'est pas forcément l'idéal des autres. Le CAML m'a fait rencontrer des passionnés et motivé à faire ce texte."

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :